Plus tard, à ces morts d’Afrique aux dépouilles recouvertes du drapeau national, alignées en arc de cercle sur l'Esplanade du Cinquante­naire, le pays, en présence du ROI, rendra un so­lennel hommage.

Dans cette Afrique martyrisée, les actes de bravoure ainsi que de maîtrise de soi, n'ont pas manqué chez nos soldats. En témoignent à ZAVENTEM, les réfugiés qu'un pont aérien débar­que de jour et de nuit. Parmi les familles inquiè­tes, les heures d'angoisse vécues parmi les mu­tins, lors d'évacuations souvent périlleuses, mar­quent les visages de ces rapatriés de fatigue ac­cumulée, parfois les nerfs encore à fleur de peau. Tant et si bien qu'une jeune femme dont le ROI caresse le bébé, tombe en syncope dans les bras de l'officier d'ordonnance ; une autre réfugiée saute au cou du Souverain et l'embrasse. Pour elle, n'était-il pas le symbole de la paix et de la sécurité retrouvées ? A peine déchargés, les BOING-707 et autres avions repartaient pour l'Afrique remplis de troupes.

Les troupes de l'O.N.U. occupent mainte­nant le Congo et essayent de maintenir l'ordre. Partis du Congo sur injonction de l'O.N.U., des militaires belges assurent ensuite la sécurité au RWANDA et BURUNDI. Dès lors, les militaires belges stationnés à KAMINA, devront choisir une nouvelle affectation en Belgique. La situation poli­tique en Belgique est confuse, agitée par des re­lents de la " LOI UNIQUE ".

Je suis indécis sur le choix de ma carrière. Un collègue de KAMINA a décidé de rejoindre aux U.S.A. ses deux sœurs qui ont épousé des ingé­nieurs de LOCKEED ; un autre part pour l'Austra­lie ; un autre pour l'Afrique du Sud ; un quatrième pour le Canada. Je suis tenté par ce dernier pays. Je me rends à l'Ambassade pour une éventuelle immigration. Des possibilités sont offertes dans le domaine aéronautique en COLOMBIE BRITAN­NIQUE où les salaires sont plus élevés qu'au QUEBEC, cela m'intéresse. L'inconvénient serait la langue anglaise pour les études de nos enfants. J'ai tous les formulaires d'inscription et la forma­tion requise. Nous en discutons avec mon épouse, nous venons de rentrer d'un second terme de 3 ans en Afrique. Une séparation indéterminée pour te Canada, c'est beaucoup lui demander mais elle acceptera mon choix. Devant une telle preuve d'amour, mon congé statutaire venant à expira­tion en janvier 1961, je choisirai la BASE AE­RIENNE DE FLORENNES où je devrai me fami--liariseravec un autre type d'appareil à réaction, le chasseur bombardier F84F TUNDERSTREAK.


Nous sommes entrés dans la guerre froide avec les pays de l'Est. Les exercices de l'OTAN. (Organisation Traité de l'Atlantique Nord) dans les échanges d'escadrilles, me feront visiter l'Europe du CAP NORD en NORVEGE jusqu'en TURQUIE où je mettrai pour la première fois le pied en ASIE. Je découvrirai aussi la CORSE où nous partici­pons à des campagnes de tirs aériens à SOLENZARA.

C'est au retour d'une de ces missions qu'en rentrant chez moi à FLORENNES où nous habi­tons, les voisins sont sortis sur la rue et un d'eux m'interpelle et me demande si j'ai des notions d'in­firmier ? Je lui réponds par l'affirmative ayant, dans ma formation militaire, une aptitude à prodiguer les premiers soins. Il me dit que quelque chose vient de se passer dans la maison en face de chez nous. Il y a eu une explosion. Je pénètre dans la maison par le garage dont la porte est grande ouverte et me trouve devant une situation tragi­que.

 Sur le béton du garage, gît le corps du petit ALAIN. Agenouillé à ses côtés, son frère cadet essaye de lui glisser un oreiller sous la tête. Une coulée de sang s'étend sur le béton. ALAIN est conscient et gémit doucement. Je demande au petit frère de ne plus bouger ALAIN. Ces deux garçons sont chez leur grand-père qui est absent pour le moment. Je sors précipitamment de la maison, les voisins m'interrogent du regard. Je démarre en voiture à la recherche d'un médecin. Je sais que l'état de l'enfant est critique. Ne trou­vant pas de médecin, je reviens chez moi dans la détermination plus rapide de me servir du télé­phone. Une ambulance est déjà sur place et dé­marre rapidement. Le petit frère pleurant est resté seul, attendant le retour du grand-père. Il peut quand même, entre deux sanglots, me dire suc­cinctement ce qui s'est passé. Ayant trouvé un obus, son frère l'a placé dans l'étau et l'a percuté à l'aide d'un poinçon. La tête de la munition a ex­plosé et par chance, quelques minutes précédant l'explosion, deux petits voisins se trouvaient en curieux auprès d'ALAIN, le petit frère étant à la cuisine. Nous apprendrons rapidement qu'ALAIN est décédé exsangue avant d'avoir atteint l'hôpi­tal de CHATELET.

 Le grand-père est rentré peu après ; ALAIN BRUYERE avait 11 ans.

En 1964, les troupes de l'O.N.U. cèdent la place à l'Armée Nationale Congolaise (ANC) dans un ZAÏRE sans cesse tourmenté par des rebelles. Il s'agit de " SIMBAS " (LIONS) assurés par les sorciers d'une protection magique. Ils s'avancent vers la ville de KISANGANI (STANLEYVILLE). Le Premier Ministre TSHOMBE fait appel aux Améri-

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