Le 4 janvier 1959, des
émeutes éclatent à LEOPOLDVILLE. Ce sera pour nous, militaires de ta Base
Métropolitaine de KAMINA, une responsabilité nouvelle de M.R.O.P. {Maintien et
Répression de l'Ordre Public) impliquant un soutien aérien armé et une
possibilité d'intervention d'appui à la Force Publique. Cela nous amène à armer
des avions d'entraînement HARVARD, à équiper de mitrailleuses, lance-bombes et
lance-roquettes.
Le 13 janvier 1959, c'est l'envoi
d'unités de para-commandos au CONGO. Les esprits s'échauffent maintenant parmi
les Blancs ; la tension croît dans certains cercles européens de LEOPOLDVILLE.
Les militaires belges seront entraînés dans des manifestations de
démonstration de la force qu'ils représentent dans les grandes agglomérations.
Chacun recevra un armement personnel. Sur le plan diplomatique, l'année 1960
sera féconde en balais de parlementaires. L'accueil fait au ROI lors de sa
visite en janvier 1960 par la population congolaise a été, dans toutes les
villes, le reflet des sentiments de satisfaction et d'affection éprouvés à
l'égard du Souverain ; les leaders politiques africains, même les plus radicaux,
ont été séduits par la personne du ROI. L'indépendance sera proclamée le 30
JUIN ; le pessimisme règne parmi la population européenne et les transferts de
capitaux épargnés sont rapatriés vers la Belgique ; cette hémorragie sera freinée
par la limitation de transfert à 10.000 frs par ménage et par mois.
Nous attendons notre quatrième enfant
pour la fin août 1958. Le samedi précédent, un concert a été organisé pour le
départ définitif du chef de musique européen de la Base. Il se donnera au CLUB
LEO II, pas loin de chez nous. Nous désirons y assister. Dans la précipitation
pour arriver à temps, après avoir préparé les enfants, mon épouse rectifie sa
toilette à la salle de bains se trouvant à l'étage, et, en descendant
l'escalier, elle rate une marche et déboule jusqu'en bas, sur le dos
instinctivement, pour protéger le bébé ! Le concert est bien entendu terminé
pour nous. Je transporte mon épouse à l'hôpital avec un dos tout meurtri. Au
premier examen, l'épine dorsale a été sérieusement raclée et contusionnée. Les
radiographies ne font apparaître aucune fracture. Le bébé a été secoué et des
contractions se manifestent. Mon épouse est hospitalisée dans l'espoir d'une
récupération suffisante pour l'accouchement tout proche. Le week-end me permet
de prendre mes dispositions. Des ménages amis prendront en charge nos trois
enfants pendant la journée. Je peux les conduire, après ma journée de travail,
rendre visite à leur maman. Us dorment tous les trois à la maison. Les jours
passent, le dos est toujours endolori mais la grossesse pourra être menée à
terme. Le gynécologue espère que pour un quatrième enfant, l'accouchement
pourra se faire naturellement. Les premiers symptômes s'annoncent. Cette nuit,
je la passerai près de mon épouse.
Dans la chambre en face, on vient d'amener
un para-commando dans un état critique. En exercice de survie, une équipe de
onze hommes plus le moniteur sont lâchés dans la brousse où ils devront, comme
l'indique l'exercice, survivre sans ravitaillement pendant dix jours. C'est un
exercice très éprouvant et reconnu comme le plus draconien (JUNGLE SURVIVAL).
L'exercice consiste à se nourrir de plantes, de feuilles, de racines
comestibles identifiées dans un fascicule explicatif. Le trajet à réaliser est
d'environ cent kilomètres où la traversée de galeries forestières est prévue
mais à l'écart de toute agglomération. Les participants ont dans leur sac à dos
respectif, de la nourriture mais les rations sont plombées. L'effet
psychologique est d'avantage accru car ce sont les participants qui préparent
les repas du moniteur ! Un seul fusil est autorisé par équipe. L'alimentation
camée se compose surtout de serpents, de sauterelles, et plus rarement de
singe. Au quatrième jour, des douleurs abdominales intenses se manifestent,
dues à la consommation de végétaux crus. C'est aussi le moment d'un contrôle
sanitaire par un médecin amené par hélicoptère sur un point de rendez-vous.
Les participants peuvent abandonner ou s'ils ont déplombé leurs rations, sont
exclus de la suite de l'épreuve. Le prochain contrôle aura lieu dans quatre
jours. L'hélicoptère est reparti. L'équipe va aborder une galerie forestière
à traverser. A la machette, ils se taillent un passage. Ce bruit a dérangé une
famille de CYNOCEPHALES (SINGES). C'est une aubaine qui se présente pour les
participants. Par ruse, ils approchent de l'endroit repéré. En file indienne,
les deux premiers ouvrent la piste. Le troisième est le tireur armé du fusil.
Celui-ci trébuche, le coup part, la balle traverse le second pisteur et tue le
premier ! L'exercice continue ! Ils
Saut de
C-119