En
plus de mes cours, je consacre du temps à l'équipe SCOUT de l'Ecole et à son
équipe de football que j'accompagnerai lors de rencontres dans les écoles des
missions avoisinantes. Pour être homologués, les matches doivent être joués, au
moins la moitié, avec des souliers, ce qui gêne beaucoup les Congolais,
habitués à jouer pieds nus. Dans la seconde mi-temps, libérés de leurs
chaussures, nous assistons à un jeu de passes et de contrôle de ballon
spectaculaire et c'est souvent dans cette mi-temps que la partie est décisive.
C'est au retour d'une de ces rencontres à l'extérieur de la base qu'un drame
s'est produit. Mon équipe, transportée dans un camion, sur une route défoncée,
ne pouvant éviter une série de nids de poule, la roue de secours fixée à la
benne se détacha et écrasa la cage thoracique d'un des joueurs.
La
mort fut instantanée. L'enterrement eut lieu le lendemain matin où j'assistai
avec quelques instructeurs européens, pour la première fois, à l'inhumation
d'un Africain. Entourée de pleureuses aux jérémiades sans fin, la veuve
voulait se jeter dans la fosse où le cercueil était descendu. Nous restions
déconcertés devant une détresse librement exprimée. A côté, des tombes où sont
déposés des objets divers ayant appartenu au défunt.
Mes
activités extrascolaires se faisant dans la soirée, mon épouse commence à
manifester son isolement, et je déléguerai ces prestations à d'autres
Européens. Je conserverai la séance de cinéma où je peux me faire accompagner
par ma famille. Les séances se donnent en plein air. L'écran est une toile,
genre de drap de lit, ce qui signifie que j'aurai du public des deux côtés de l'écran
! Il s'agit souvent de films désopilants et le spectacle est dans la foule
plutôt que sur l'écran. Les réflexions fusent, confirmant la niaiserie des
acteurs, ou, quand il s'agit de cow-boys et d'indiens, l'impatience de punir
les mauvais ! ! Les MUTOTOS (enfants) se trouvent assis par terre aux premiers
rangs. Les adultes apportent leur siège respectif. Les MANAMUCS (femmes indigènes)
portent leur bébé sur le dos, enveloppé dans un pagne, et à l'occasion pour
calmer les cris affamés, déplacent l'enfant vers leur poitrine et l'apaisement
est vite rétabli. Les Congolaises ne sont pas les dernières à exprimer leurs
sentiments quand, à l'écran, c'est le mari qui se fait tabasser par l'épouse !
Les enfants, à l'avant, se concertent sur le
déroulement des actions. Les adultes s'expriment à haute voix sur ce que devraient
faire les acteurs ; tout cela dans un CHARIVARI où le son du film n'est plus
perçu ! Des Européens assistent aux séances pour s'offrir une bonne partie de
plaisir à regarder les spectateurs.
Au
début de la saison des pluies, les orages tournent autour du plateau sur
lequel est construite la base. Quand un orage présente une ligne horizontale,
conséquence d'une rencontre entre deux fronts thermiques, on peut s'attendre à
un violent orage. J'ai assisté à ce phénomène. J'étais à " LUMWE
PROVISOIRE " où les maisons sont alimentées en électricité par des lignes
aériennes. Je me trouvais entre deux maisonnettes quand une vive lumière
accompagnée d'une violente détonation me souleva littéralement du sol. La
foudre venait de s'abattre près de l'endroit où j'étais. Le tableau des
fusibles électriques fixé sur le mur de
..
..
..
suite