Je passerai les fêtes de fin d'année en RHODESIE, le cœur bien gros d'être éloigné de ma famille. Mon estomac aussi sera bien gros quand j'aurai pu apprécier la digestion du " CHRISTMAS PUDDING " offert par des amis Rhodésiens ! Les dimanches, la BASE AERIENNE SUD AFRICAINE est fermée. Deux collègues bel­ges sont célibataires et me demandent de les emmener aux" MATOPOS "-" SUNRISETOTHE MATOPOS ". Il paraît que le lever du soleil sur cette région est unique. Nous convenons donc de partir très tôt en nous donnant rendez-vous devant l'hô­tel. Une surprise m'attend, mes deux collègues m'attendent accompagnés d'une dame tenant en laisse un bouledogue. Elle m'est présentée comme une " FRENCH COMTESSE ". A prime abord, il semble que tous les trois ont ignoré un sommeil réparateur et semblent ne pas être à jeun. La French Comtesse m'est recommandée chaude­ment par les collègues comme une guide connais­sant bien la région et sa présence est souhaitée pour notre excursion. J'accepte qu'elle nous ac­compagne malgré une légère réticence de ma part. La dame ne parle pas du tout le français, à part " BONJOUR " et " PARIS MERVEILLEUX ". En toute galanterie, elle occupera la place du con­voyeur accompagnée de son chien qui ne cesse d'haleter dans les bras de sa maîtresse, exprimant régulièrement son affection en lui pourléchant la figure et trouvant une sécurité en blottissant son museau plat dans l'échancrure de la blouse, ce qui fait bien rigoler les deux compères sur la ban­quette arrière. Ne participant pas à cette eupho­rie, la dame ne semble pas apprécier mon mu­tisme. Elle commence à se dégarnir de ses bijoux, bagues, collier, boucles d'oreilles qui sont rassem­blés dans une poignée qu'elle m'envoie à la figure. Les routes de brousse en RHODESIE sont con­fortables pour autant que l'on reste très attentif. Il s'agit de deux " STRIPS " (deux bandes asphaltées) qu'il ne faut pas quitter sans risquer un dé­rapage. Je ralentis et exprime à mes passagers qu'ils risquent beaucoup de ne pas voir le " SUNRISE TO THE MATOPOS " si ma conduite du véhicule est compromise par l'attitude de la dame. Le petit groupe se calme et finalement s'en­dort.

Nous arrivons enfin au milieu de ces amon­cellements de rochers et atteignons le sommet d'une colline rocheuse où se trouve le tombeau de CECIL RHODES, ancien Premier Ministre Sud Africain. Le site est splendide et le soleil levant donne un relief d'ombres impressionnant. De longs lézards d'un bleu acier apparaissent et recherchent la chaleur de la pierre tombale, accumulée pen­dant la journée. Le retour s'effectue sans pro­blème, visitant l'un ou l'autre DEAM (barrages, lacs artificiels).

Nous recevons régulièrement des lettres de nos familles via SALISBURY (capitale de la RHODESIE). J'apprends ainsi que nos deux pe­tits garçons ont eu la coqueluche et qu'ils ont eu droit à un vol en altitude, salutaire pour ce genre d'affection ! Que mon épouse a failli mettre le feu à la maisonnette en allumant le réchaud à pétrole. Après cinq semaines fatigantes de vie d'hôtel et de restaurants, il est question de nous relayer. Nous avons plusieurs fois essayé tous les ITEMS des cartes de menu qui, invariablement nous sont présentés chaque semaine. Notre sélection des mets et desserts est établie et nous nous y te­nons. Le maître d'hôtel connaît nos goûts et en connivence avec lui, nous élaborons nos menus hors carte !

J'envisage d'acheter des petits cadeaux pour les enfants : cela est facile. Par contre, pour mon épouse, j'ai l'intention de lui offrir une parure coquine. Je me rends dans un magasin de fine lingerie pour dames et me trouve fort embarrassé. J'essaye d'imaginer les mensurations de mon épouse : tour de poitrine, tour de taille et tour des hanches. Cela se complique encore car les dimen­sions sont données en mesures anglaises. Après bien des hésitations dans les présentoirs expo­sant des articles noirs, un peu osés, la gêne com­mence à m'envahir. Cela a été remarqué par la chef de rayons qui s'avance : " MAI I HELP YOU ? " (Puis-je vous aider ?). Un fard me monte jusqu'aux oreilles. Je deviens confus dans mon explication mais parviens quand même à expri­mer ma difficulté de conversion des mesures. " FRENCHMAN ? " (Français ?). Yes. " Nous avons une table de conversion ". Je suis mainte­nant le point de mire de plusieurs vendeuses. Je

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