Nous retournons, mon compagnon de chambre et moi, à notre
logement en tâtonnant. Fatigués par le voyage et l'émotion, nous nous endormons
rapidement après avoir lancé quelques jets d'insecticide, précaution
indispensable car les moustiques sont à l'affût. Nous apprécions les deux
couvertures car à cette période (SAISON SECHE), les nuits sont assez fraîches.
Le lendemain matin, lever à 6h. Le PISCHI, cuisine comme au
CLUB où il y a la même plaque de cuisson, est séparée par une cloison, l'autre partie
étant notre salle de bain ! Une baignoire, un évier, un W.C. A l'extérieur,
deux TOUQUES (fûts de 200 litres) posées sur des blocs en béton et chauffées en
dessous par un feu de bois : c'est notre réserve d'eau chaude. La distribution
d'eau est assurée par un camion-citerne qui va se ravitailler à la rivière
LUFUFUY, et remplit quotidiennement les deux TOUQUES en bordure de route. Pour
être consommée, cette eau doit être bouillie et filtrée.
Nous avons revêtu la tenue de travail : chemise beige,
manches retroussées, short (CAPITULA), bas trois quarts en coton et casque
colonial en liège. Le petit déjeuner servi à 6h30 suivi à 7h du départ pour la
visite de la BASE. Tout est déjà en pleine activité. On se lève avec le soleil
en Afrique.
Après, une petite sieste interrompue par des Congolais
cherchant du travail : " KASI MISSIEU " (travail, Monsieur), se
présentant comme BOY PISCHI (cuisinier), BOY PARCELLE (jardinier), MUKE (jeune
pour garder les enfants), BOY LAVADERE (pour la lessive). Nous décidons de
faire notre lessive nous-mêmes car je risque de ne plus revoir mon linge car je
confonds les noms. Tous se ressemblent au début : JUSTIN ? Non, moi c'est
Thomas, missieu - RAPHAËL ? Non, moi c'est ANACLET.
En attendant mon affectation à l'Ecole Technique qui est en
période de vacances scolaires, je suis désigné pour me rendre au HANGAR
MONTIGNY : petit hangar préfabriqué en tôle ondulée qui
servira provisoirement à l'entretien d'un petit bimoteur de liaison OXFORD et
d'un petit biplan SV4, avion d'écolage élémentaire qui sert à la fumigation de
D.D.T. au-dessus de la BASE, Mon premier travail sera en maçonnerie : je suis
chargé de construire un pont de graissage pour véhicules. Nous allons être
dotés d'un petit camion-citerne à carburant avion et il faudra l'entretenir.
Le plein des avions se fait toujours au moyen de fûts de 200 litres, roulés
près de l'avion à ravitailler ; pompe à main, entonnoir et filtre avec peau de
chamois qui retient l'eau (condensation d'eau possible). Aidé par du personnel
indigène, je construis assez rapidement les deux rampes en béton du pont et,
comme je suis débordant d'énergie, et, trouvant que mon casque colonial me gêne
et me tombe régulièrement sur les yeux, je le néglige pour mieux travailler,
ce qui me vaudra un début d'insolation. Désormais, je ne m'en séparerai plus,
la leçon a été bonne !
Les cours vont reprendre à l'Ecole Technique. Je fais mon
entrée, visite de l'Institut, salles de cours, ateliers divers,..., machines,
outils, peinture, forge, magasin d'outillage et une menuiserie destinée à
former des menuisiers. C'est là que je vais faire mes débuts de chef d'atelier.
CELESTIN est mon second, c'est un bon CAPITA (contremaître). Les cours se
donnent à mi-temps, une demi-journée de cours, une demi-journée d'atelier.
Peu de temps avant mon arrivée, la table de la
DEGAUCHISSEUSE a été endommagée, les couteaux n'étant pas assez serrés, se sont
déplacés et ont entamé la table. Dorénavant, il ne
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