J’arrive enfin à destination : FASSBERG, plaine se trouvant à une trentaine de kilomètres de la zone russe et pratiquement invisible du ciel. Cet aérodrome militaire était une base de forma­tion privilégiée par le FELDMARECHAL GOERING. Sur les toits des hangars, des plantations de sapins ; tout est parfaitement camouflé. Curieu­sement, cette base aura peu souffert des attaques aériennes alliées. Le confort y est recherché : bas­sin de natation couvert et chauffé, les logements sont confortables, chambres individuelles ou pour deux, salles de cinéma et d'entraînement physi­que. Cette base est construite au milieu d'une fo­rêt ce qui a pour conséquence une vie de " CAMP RETRANCHE ". Tout y est bon marché.

 

 Notre ar­gent " SPECIAL VOUCHER ", argent anglais, frappé du sigle d'occupation, nous permet de nous approvisionner de manière presque illimitée de cigarettes, chocolats, cakes ... ce qui favorisera un " BLACK MARKET " (marché noir) avec les Al­lemands. J'achèterai ainsi une rutilante moto pour 750 cigarettes. Vivre en vase clos dans une base ayant des cantines aux stocks de bière inépuisa­bles n'est pas éthiquement parlant des plus aisés... C'est au bar que, invariablement, nous nous retrouvons : accueillis par les anciens qui ont un plaisir sournois de nous griser, " baptême per­manent de la bleusaille ", où chacun est indiffé­rent à payer sa tournée. C'est pour moi un risque d'une dérive ; j'en prendrai conscience quand à la suite d'une " cuite carabinée ", je serai dans l'obli­gation, à la sortie du bar, de ramper entre deux rails de chemin de fer qui passe près de mon lo­gement. L'état de mon uniforme témoignera le len­demain des efforts effectués pour retrouver ma route, pourtant parfaitement guidée par les deux rails. C'est une période déprimante pour beaucoup. La guerre avec l'Allemagne est finie. Fini le grand jeu d'alertes et de décollages massifs. Beaucoup seront démobilisés, influencés par l'inactivité. Je résisterai au mouvement, encouragé par ma ré­cente nomination de caporal.

Pour le marché noir, l'article le plus appré­cié est le café. Le troc se fait généralement à HAM­BOURG, derrière la gare de DAMTOR (DAMTOR HAUFBANOFF) dans un grand parc appelé PLANTEN-BLUMEN. Les trafiquants allemands

 

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