Pour porter l'uniforme britannique, il fallait prêter le serment d'allégeance avant d'être «ENLISED AND ATTESTED».

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«Moi, DUBRAY René, jure devant DIEU tout puissant, que je serai fidèle et donnerai véritable obéissance à sa MAJESTE le ROI 6EOR6ES VI, ses héritiers et ses successeurs et que, lié par le devoir, je défendrai honnêtement et fidèlement sa Majesté, ses héritiers, ses successeurs en leur personne, couronne et dignité, contre tous les ennemis, et que j'exécuterai et obérai a tous les ordres de sa Majesté, ses héritiers et suc­cesseurs, et ceux des officiers généraux et des offi­ciers placés au dessus de moi. Ainsi m'aide DIEU.»

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la connaissance approfondie du KING'S REGU­LATION ou règlement militaire anglais. Après quoi, nous serons invités à prêter serment d'allégeance au Roi GEORGES VI, la main posée sur la bible anglicane : condition sine qua non pour être enlistés (admis dans la RAF comme membre du COMMONWEALTH). Le DRILL va nous être main­tenant inculqué intensément et nous conditionnera profondément à tel point que même mon numéro de matricule, je ne pourrai jamais le décliner qu'en anglais. Cette formation militaire exigeante nous prépare à notre formation professionnelle future qui sera un peu du même style. Ces formations de base nous préparent à être confrontés à des théâtres d'opérations divers du Commonwealth. J'en serai personnellement marqué par une éthi­que de vie omniprésente. Beaucoup de recrues au caractère un peu frondeur ne résisteront pas et quitteront à l'expiration de leur engagement. Pa­radoxalement, en dehors des heures de service, lors de PARTY par exemple, les gradés seront ignorés et le défoulement exacerbé dirigé fréquem­ment contre la hiérarchie ne pourra jamais être évoqué le lendemain comme une faiblesse de l'autorité. Cette attitude de reprise de sang froid sera souvent incompatible avec notre tempéra­ment latin et déroutant aussi bien pour les Anglo-Saxons que pour nous. Seule la monarchie an­glaise ne pourra jamais être agressée sous peine de lèse Majesté.

Nous pouvons, suivant une demande à une dame, Madame HASTING, d'origine belge mais habitant l'Angleterre, trouver une marraine de guerre. Pour moi, ce sera une jeune institutrice habitant SURBITON dans le SURREY. Assez ro­mantique, elle m'enverra des fleurs, ce qui provo­quera des quolibets dans notre groupe. Nos per­missions de détente se feront à CAMBRIDGE, tout proche, à nous promener dans les parcs, nos pré­décesseurs ou permanents du camp nous ayant avertis qu'il n'y avait rien d'autre comme distrac­tion. C'est dans cet état d'esprit que je me trouvai à un carrefour, un peu hésitant, quand je fus accosté par une dame d'âge moyen qui me dit : WOULD YOU LIKE TO HAVE A GOOD TIME ? (Aimeriez-vous passer un moment agréable ?). Interloqué d'abord, j'acceptai de la suivre en me disant que je ne risquais pas grand-chose, en me rappelant les paroles des anciens que je qualifiai intérieurement de cachottiers, ou alors c'était vrai­ment le fruit du hasard que j'étais invité par une dame. L'aspect respectable de celle-ci me rassu­rait sur l'éventualité d'un traquenard. Le parcours suivi nous amena dans une petite rue. Nous pas­sâmes sous un porche, j'étais inquiet ! Nous en­trâmes dans une salle où il y avait une assemblée mixte d'âge plutôt avancé. Je compris alors que je me trouvais dans une chorale d'obédience luthé­rienne. Poliment, je fis remarquer à la dame qui me présentait à quelques membres du groupe qu'il était l'heure pour moi de rejoindre mes quartiers. Elle me ramena à la sortie en me faisant promet­tre de revenir quand le SPLEEN m'envahirait. Je rentrai dans la chambre, fanfaron, proclamant à la cantonade qu'il y avait moyen de bien s'amuser à CAMBRIDGE mais qu'il fallait, perspicace, décou­vrir les endroits ! ! L'instruction purement militaire terminée, ce fut la dislocation de notre groupe, chacun étant désigné pour la qualification techni­que attribuée à la sélection. Je me retrouvai seul dans le groupe pour suivre les cours de F.M.A. Carpenter (pour rappel : mécanicien cellule me­nuisier).

Je découvris ainsi que ma formation future serait de travailler sur des chasseurs bombardiers à long rayon d'action : MOSQUITO, avion bimo­teur complètement construit en bois, ce matériau échappant aux échos de repérage du radar. La nourriture était assez monotone, porridge et thé le matin, mouton à midi et souvent le soir accompa­gné de haricots à la sauce tomate. Du mouton, je pense que nous avons largement contribué à li­quider les stocks accumulés par les fournisseurs australiens !

Durant mon instruction en Grande-Breta­gne, mon frère VICTOR s'est marié. Je n'ai pu obtenir de permission et n'ai pu assister à son mariage, tandis que ROGER, ayant terminé son instruction militaire et professionnelle, se trouvant déjà dans les escadrilles de chasse en occupa­tion en Allemagne,  put assister à la cérémonie. Je n'ai pas de nouvelles de chez moi. J'appren­drai par ROGER, que notre frère VICTOR s'est installé avec son épouse dans notre ferme, coha­bitant ainsi avec notre père et ma sœur ALINE et qu'il n'y a plus de place pour nous, sinon une  domiciliation officielle que nous avons dû décliner et qui sera inscrite dans un livret incombustible renseignant

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