connaissait mon heure de retour du travail et venait à ma
rencontre au bout de la parcelle. Un jour que, exempt pour une angine, la
visite du médecin coïncida avec l'heure de mon retour habituel, ne l'ayant pas
aperçu à l'entrée, mon JACQUOT termina son existence sous les roues de la 2CV du
toubib.
Nos
nouveaux voisins : un couple qui a deux garçons. Le monsieur est assez prétentieux
et a, paraît-il, la boisson mauvaise. C'est ainsi qu'un soir, la dame accompagnée
de ses deux jeunes garçons, vint frapper à notre porte, demandant asile. Le
soir est tombé, son mari n'est pas rentré, il est repassé au CLUB, le travail
se terminant pour lui à 13h30. Depuis, il est au bar et discute avec quelques
collègues de travail. Le ton monte, le voisin se retrouve en face d'un collègue
qui lui tient tête. Ils puisent tous les deux une assurance dans la
consommation de bière. Au paroxysme de la colère, le voisin, comme chasseur, décide
de revenir chercher une arme chez lui et de sauver son honneur en sommant son
interlocuteur irréductible de baisser pavillon. Il doit à tout prix avoir le
dernier mot et raison.
Il est maintenant dans un état d'excitation
extrême et ne se contrôle plus. Il revient chez lui chercher un fusil de gros
calibre. Son épouse tente de le calmer, c'en est trop, encore quelqu'un qui lui
fait obstacle. Il décide de régler son contentieux au bar et de revenir
ensuite chez lui abattre tous les obstacles qui l'empêchent d'être lui-même
dans sa prétention d'être quelqu'un en éliminant sa femme et ses enfants. L'épouse,
aux abois, me demande d'aller récupérer, pendant l'absence momentanée de son
mari, le pistolet et les munitions restés chez elle.
C'est en me rendant à son domicile que je me
trouve pris dans les phares de la voiture " coccinelle " du mari.
Celui-ci sort de sa voiture et me tient en joue, pratiquement à bout portant.
J'ai l'intuition de ne faire aucun geste brusque. J'essaye de lui parler
doucement mais je ne sais s'il peut m'entendre. Au contraire, il répète qu'il
va me " faire la peau ", car pour lui, je suis sans doute un obstacle
de plus. Je reste calme et, tout en parlementant, je me rapproche lentement ;
s'il tire, il ne peut me manquer. Dans un élan, je bondis, écarte le fusil et
le saisis des deux mains. Ce mouvement me fait pivoter, je me retrouve renversé
sur le capot avant de la " coccinelle " entre les deux phares restés
allumés.
Mon voisin maintient également le fusil des
deux mains et a l'avantage de la situation en me
maintenant renversé sur le capot et, malgré son genou droit qui me percute le
bas-ventre, mes deux mains sont devenues comme des étaux. Pour me faire lâcher
prise, il faudrait me scier les doigts ! Devant ma détermination, il lâchera
l'arme et repartira comme un fou au volant de sa voiture. Toute cette scène a été
observée de chez nous par les deux femmes atterrées derrière la porte vitrée.
Je rentre chez nous où je donnerai l'arme à un voisin qui videra le chargeur.
C'est à ce moment qu'il me prend un tremblement incontrôlable des jambes. Je
ne sais combien de temps cela a duré. Je suis complètement vidé de toute énergie.
Le lendemain matin, le voisin, penaud, ayant repris ses esprits, viendra présenter
ses excuses en promettant de ne plus boire d'alcool !